La Night Team
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Débauche, détente, sérieux, perversité... ici tout est permis !
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
239 € 299 €
Voir le deal

 

 pAUL ET SA DESTINEE

Aller en bas 
AuteurMessage
abeille

avatar


Masculin
Nombre de messages : 11
Date d'inscription : 21/11/2006

pAUL ET SA DESTINEE Empty
MessageSujet: pAUL ET SA DESTINEE   pAUL ET SA DESTINEE Icon_minitimeMar 21 Nov - 20:23

PAUL ET SA DESTINEE

Allongé dans la grange, Paul sentait la paille qui lui piquait les mollets. Il se leva lentement. Cela faisait bien 10 minutes que Thérèse était repartie.
Pour la première fois, , a bientot 16 ans, Paul venait de connaitre la femme, et il sentait qu'une métamorphose venait de se faire en lui.
Pourtant, la chose en elle même n'avait pas été extraordinaire, et a vrai dire, il se sentait un peu déçu.
Pourquoi fait on tant d'histoires, pour un acte somme toute banale?Peut être parceque Paul n'était pas vraiment amoureux de Thérèse?
En tous cas, aprés on se sent trés bien, et Paul savez qu'il venait de prendre un tournant dans sa vie.
Devant le portail de la grange, les jambes légèrement écartées, les poings sur les hanches, Paul sentait en lui, une extraordinaire vigueur. Ses poumons lui semblaient plus vastes, ses forces étaient décuplées, sa confiance en lui illimitée.
Cette fin de matinée était radieuse. Pas un nuage dans un ciel bleu profond d'Avril.
D'aprés la position du soleil, il devait être 10 heures, et s'il voulait aller faire un tour au marché de Valréas ( on était mercredi), il faudrait qu'il aille " se faire beau"
Oui cette matinée de 1962 était magnifique dans ce petit village du Vaucluse, et Paul sentait confusément que quelque chose commençait pour lui. Quelque chose qui n'était pas directement lièe avec ce qui venait de se passer, mais qui n'aurait pu démarrer sans cela.
Un jeune garçon était entré dans la grange, un homme venait d'en sortir.
Depuis des mois déja,il sentait que sa petite vie calme, protégèe par ses parents, cette vie ou il ne se passait rien ne pouvait durer.Mais il s'était senti incapable de sortir de cette routine ronronnante
La ferme dans laquelle il habitait avec ses parents, venait de sa mère qui maintes fois lui avait parlé de ses parents, ses grands parents....il semblait que de toute éternité son ascendance avait vécu dans cette ferme, , cultivant les mêmes récoltes, sur les mêmes terres. Et la destinèe de Paul semblait toute tracée. Et cela il ne le voulait pas.
Paul avait déja pensé a tout ça, et cela lui procurait une sorte de malaise, mais que peut on contre la destinée?
Aujourd'hui, pour la première fois il pensait qu'il n'y avait rien d'inéluctable...
Pour se débarrasser du trop plein d'énérgie qu'il sentait en lui, Paul se mit a courir pour rentrer a la ferme, ou il arriva haletant, trempé de sueur.Il se dirigea aussitot sous le hangar, perpendiculaire a la maison, qui abritait des instruments aratoires et la pompe..
Faisant énérgiquement monter l'eau de la pompe a plein tuyau,il fit une énorme toilette, comme celle du Dimanche. Sur le rebord du bac en pierre, le peigne familial était là à demeure. Paul se "fit une beauté", c'est a dire que les cheveux bien plaqués, il traça minutieusemnet une raie bien droite, juste au milieu, puis se lava une dernière fois les mains.
Derrière la pompe, il n'y avait que 2 bicyclettes: celle de sa mère, plus récente qui ne devait pas avoir plus de 2O ans et la sienne,plus ancienne et qui venait de sa mémée.( Paul avait d'ailleurs un peu honte de monter sur une bicyclette de femme, mais tous ses copains n'avaient pas une bicyclette a eux)
Le père était donc parti a Blache sautel, voir si le blé de printemps levait bien.
Comme il l'avait vue cent fois, sa mère dans la cuisine "rapetassait" des vétements, et Paul lui dit:
- M'man, je vais au marché, je ne rentrerai pas a midi, je mangerai chez tata
- Va mon fils. Et dis a Tata que nous les attendons Dimanche.
C'est en montant les marches qui le menaient a sa chambre, que Paul sut qu'il allait partir.
Il fit un gros paquet avec ce qui constituait son modeste trousseau.2 pantalons de travail, 3 chemises' 3 paires de chaussetes,2 caleçons et une paire de galoches.. Il revétit ses " habits du Dimanche" et jeta le paquet de vétéments par la fenètre qui donnait sur le pré, derrière la maison.
Dans le bas de la vieille armoire, il avait mis depuis trés longtemps, (depuis son certificat d'études) ses cahiers d'école et 4 livres dont son préfére: Un atlas.
Il arracha une page a l'un des cahiers, choisit un crayon taillé bien pointu, ,réfléchit longuement et écrivit:
" JE PARS. GROS BAISERS PAUL"
Il regarda son oeuvre, et fut émérveillé d'avoir pu dire tant de choses en si peu de mots.Tout était dit en effet.
Je pars.c'est a dire que je ne reviendrai plus. Gros baisers, cela voulait dire, je vous aime bien, et si je pars, ce n'est pas a cause de vous. Il posa sa lettre bien en vue sur l'oreiller, puis descendit dans la cuisine ou sa mère continuait ses ravaudages.
- Au revoir, M'man. Il déposa un baiser sur le front de sa mère, et sortit.
Il réalisa alors qu'il n'avait aucune peine, aucun remords, mais au contraire une énorme exaltation, a la pensée qu'il partait a l'aventure, en Homme maitre de son destin.
Sautant sur son vélo, il contourna la maison pour récupérer son paquet de vétements dans le prés, paquet qu'il ficela sur son porte bagage avec de la ficelle de batteuse, et s'élança sur la route....non de Valréas, mais de Richerenches/ Il ne lui serait pas venu a l'idée de partir a l'aventure dans une autre direction que le sud.


Paul pédalait sur sa vieille bicyclette depuis 15 minutes, l'esprit complètement vide, lorsqu'il reprit conscience.Il était sur la route, a bicyclette, il venait de dépasser Tulette, et il s'en allait pour toujours.Tout cela était certain. Mais ou allait il?Pour faire quoi? Que voulait il exactement? Sur tout cela pas le moindre début de réponse.Etait il devenu fou subitement?. En un instant son esprit vide depuis le départ, s'emplit d'angoisses. Ce n'était pas sa destinée future qui le terrorisait., c'était un avenir beaucoup plus immédiat.. Ou aller? Ou manger? Ou se coucher?. La seule chose dont il était certain, c'est qu'il ne reviendrait pas a la ferme..
En s'approchant d'une fontaine alimentée par un puissant jet d'eau sortant d'un bec de canard,, Paul s'arréta pour se rafraichir et faire le point..
Ses ablutions terminées,il fallut regarder les choses en face.
D'abord recenser ses ressources.. Dans son pantalon des Dimanches, il avait son porte monnaie qui contenait35F60, l'argent rescapé des dernières etrennes.. C'était l'assurance de pouvoir manger, 2 ou 3 jours en " faisant petit". pour les vétements il avait largement de quoi voir venir, mais il fallait économiser les habits du Dimanche, et se changer rapidement.Le problème le plus embétant: Ou coucher ce soir? Les nuits étaient encore fraiches. Paul n'était pas frileux. Pourtant, s'il pouvait trouver un de ces petits cabanons en pierre construits dans les vignes, et qui permettaient aux paysans de se reposer a midi, de casser la croute et faire une petite sieste,pendant la taille, les traitements ou les vendanges, ce serait parfait..
Pas mécontent du tout de son analyse, sa soif apaisée,son corps rafraichi,le malaise qui l'avait envahi tout a l'heure s'était évaporé.Il fallait acheter quelques provisions,trouver une cabane, mettre des habits de travail, et demain, il saurait bien faire un plan aussi satisfaisant que celui d'aujourd'hui.
A la boulangerie il s'acheta la moitié d'un gros pain ( c'est ce qui était le moins cher)et a l'épicerie une bouteille d'eau gazeuse( ça c'était du luxe, mais la bouteille ensuite pourrait servir indéfiniment.Il hésita longtemps sur ce qu'il allait acheter pour manger avec son pain, et se décida pour une petite boite de purée de marron, ( son couteau 6 lames avait un ouvre boite) Ce n'est pas trés cher et ça "tient au ventre".
La moitié de son pécule était passé, mais Paul sentait confusément que pour le premier soir, il était important que le moral soit bon.
Aprés avoir roulé encore une bonne heure, Paul arriva sur un petit pont qui enjambait un ruisseau. Un chemin partait sur la droite, et longeait le ruisseau.Il s'engagea lentement sur le chemin a la recherche d'un coin agréable pour faire une pause.
Au bout de 300 mètres, il arriva prés d'une prairie, bordée de saules le long du ruisseau et encadrées de haies vives sur les 3 autres cotés.
Un troupeau de moutons paissaient au milieu de la prairie, et un chien de berger, en fait un batard de petite taille, se précipita sur Paul en aboyant. Paul descendit de bicyclette et tendit la main vers le chien en parlant doucement.. Quelques secondes plus tard, le chien frétillant de la queue et de tout l'arrière train, vint se faire caresser.
Soudain a quelques mètres de là, Paul entendit une jeune voix cristalline.
- Vous êtes dompteur Monsieur?
Paul, plus surpris encore de l'appellation de " Monsieur" que par une présence qu'il n'avait ^pas décelée, ne sut que répondre et chercha d'ou venait cette voix.. Il vit alors, a l'ombre d'un murier une jeune fille assises sur une couverture, un livre ouvert a ses cotés
- Excusez moi Monsieur si je vous ai fait peur, mais il est tellemnt rare que Fifi se laisse amadouer aussi rapidement...

- Je n'ai pas eu peur, Mademoiselle……. seulement un peu surpris.Non je ne suis pas dompteur mais j'aime les chiens et ils doivent le sentir. C'est peut être moi qui vous ai fait peur?

-Oh non! je vous ai vu arriver et vous n'avez rien de redoutable. Mais je crois que vous avez du vous tromper de chemin, celui ci ne mène qu'ici.
- Non, je ne me suis pas trompé, je cherchais un endroit agréable pour me reposer et j'ai suivi le ruisseau
- Pour les endroits agréables ( elle fit du bras un geste circulaire)vous n'avez que l'embarras du choix
- C'est vrai. Mais je dois dire que vous avez choisi le plus beau.
- Oh, vous pouvez vous reposer. Cela ne me gène pas.
- Moi, ça me gène un peu. Vous ne me connaissez pas.
-Si Fifi a fait ami avec vous aussi vite, c'est que vous ne devez pas être bien méchant
- Alors je vais m'arréter un peu. Je roule depuis 11 heures ce matin.
- Alors vous n'êtes pas dompteur mais coureur cycliste?

- Ne vous moquez pas de moi.Vous avez vu ma bicyclette.. Non. Je ne suis ni dompteur ni coureur cycliste. Et si vous pouviez me dire qui je suis, j'en serais bien content.
- C'est une devinette?
- Oh pas du tout, malheureusement.
- Je ne comprends pas. On est tous quelqu'un. Et vous devez bien savoir qui vous êtes?
- Hier oui, je le savais. Mais aujourd'hui, non.
La jeune fille le regardait mais n'osait plus le questionner. Paul ne savait plus que faire. Prendre sa bicyclette et repartir, ou s'asseoir a quelques mètres d'elle.Elle vit son hésitation
- Ecoutez, vous vouliez vous reposer, faites le cela ne me gène pas. Si vous voulez parler, nous parlerons, si vous préférez vous taire, nous nous tairons et je ne vous poserais aucune question.
- Merci.
Paul s'installa sur une souche de saule, et pendant un moment ils s'épièrent a la dérobée;

Elle devait avoir 15 ou 16 ans, mais avec les filles, allez savoir!Certaines a 13 ans font adultes, d'autres a 20 ans semblent être des fillettes. La preuve, lorsque pour la première fois il avait vu Thérèse, il pensait qu'elle était plus agée que lui. Alors qu'elle a un an de moins.
En tous cas celle là était bien jolie. Beaucoup plus jolie que Thérèse. Des cheveux blonds, trés longs, noués en queue de cheval, des yeux bleus trés clairs un joli teint de blonde, et puis..et puis ce qui la différenciait de Thérèse qui par la force des choses était son étalon de comparaison,il y avait quelque chose de plus et qu'il n'arrivait pas a définir. Il décida qu'elle était trés intelligente.
La jeune fille voyait un garçon curieusement habillé pour faire un long trajet a bicyclette.Trés bien bati, les traits réguliers sans être fades, le regard un peu voilé.Elle avait promis de ne pas poser de question, pourtant elle aimerait bien savoir ce qu'il fait dans la vie., car il avait beau dire, il devait bien faire quelque chose , même si un évènement semblait avoir perturbé sa vie.
Il finit par dire:
- Je m'appelle Paul
- Et moi Mireille
- C'est curieux, vous êtes blonde. Pour moi, les Mireille sont des provençales brunes...Mais je préfère les blondes...
- Vous savez que vous m'intriguez?Je vous avais dit que je ne poserais aucune question. Mais les filles sont curieuses. Vous n'avez pas une tenue pour faire de la bicyclette, et pourtant vous avez beaucoup roulé
- Oui, je roule depuis 11 heures ce matin. bien sur, j'ai un vieux clou, mais j'ai fait du chemin quand même
- Et vous allez encore loin?
- Ah, ça!!!! Ils restèrent un moment silencieux, puis elle reprit:
- Vous étiez fatigué. Reposez vous, ne vous occupez pas de moi, je vais reprendre mon bouquin.
Paul s'allongea sur le dos, ferma les yeux et s'endormit.
Il fut réveillé par un roulement de bruits sourds.C’était le troupeau de brebis qui passait a ses cotés……., et Mireille le regardait.
- J'ai retardé notre départ pour ne pas vous réveiller, mais maintenant, il faut que je rentre. Je vous souhaite une bonne route.
- Merci. Vous venez souvent ici?
- Quand je suis en vacances ici, presque chaque aprés midi. Mes brebis vont arriver a la route, il faut que je les rattrape. Et elle se mit a courir..
( A suivre)
Revenir en haut Aller en bas
http://aristee.canalblog.com/
abeille

avatar


Masculin
Nombre de messages : 11
Date d'inscription : 21/11/2006

pAUL ET SA DESTINEE Empty
MessageSujet: PAUL ET SA DESTINEE   pAUL ET SA DESTINEE Icon_minitimeMer 22 Nov - 10:05

Paul n'était pas content de lui. Je n'aurais pas du dormir, pensait il . Qu'est ce qu'elle va penser de moi?Et puis aussitot, il pensa que cela n'avait pas une grande importance puisqu'ils ne se verraient sans doute plus.
Revenant complètement sur terre, il pensa que la première chose à faire était de trouver un endroit pour passer la nuitIl envisagea tout d'abord de rester là.L'endroit était sympathique, il y avait un ruisseau et il pourrait penser à Mireille. Mais son sens pratique reprit le dessus. Il décida de chercher un petit cabanon.
Aprés avoir bien repéré l'endroit ou il avait rencontré Mireille, il reprit la route , toujours vers le sud.
La nuit commençait à tomber. Dans un gros bourg il dut s'arréter à un feu rouge.
Quelques secondes plus tard, une grosse automobile stoppa sur sa gauche.
Presque immédiatement, sortis de derrière un platane sur la gauche de la route, 2 jeunes d'une vingtaine d'annèes se précipitèrent sur la voiture. L'un ouvrit la portière du coté conducteur, pendant que l'autre se rua sur l'homme au volant, en criant:
- « Ton portefeuille, vite , ou je te saignes ».Et il appliqua sur la gorge du conducteur un couteau. Il répéta à plusieurs reprises: Ton portefeuille, vite. !!!!!..
Paul coucha sa bicyclette sur le bord de la route et ce faisant, sentit sous sa main sa pompe à vélo.. C'était un pompe d'origine, Pas de ces pompes légères en aluminium mais de ces vieilles pompes; lourdes, en fer . Il s'en saisit.
Pendant ce temps, le conducteur essayait de discuter avec ses agresseurs:
« Je vais vous donner de l'argent, mais enlève ton couteau de là, si tu me blesses ça va te couter trés cher ».
Paul avait contourné le véhicule par derrière, et arrivé prés de celui qui tenait la portière, il lui asséna sur le crane un magistral coup de pompe, et cria à l'autre: : Fiche le camp ou je t'assomme.
L'agresseur au couteau se retourna vers lui. c'est alors que le conducteur qui avait sorti une jambe , poussa violemment le voyou dans les fesses, et le projeta sur la chaussèe.Dans son mouvement pour amortir sa chute, la main qui tenait le couteau fit un arc de cercle et faucha le bras de Paul qui poussa un cri.
La seconde suivante, les deux agresseurs s'enfuyaient à toutes jambes.
Le conducteur descendit de la voiture et vint prés de Paul dont le sang sur le bras gauche commençait à rougir la manche de chemise.
- Faites voir votre blessure, relevez votre manche.
-
-
L'homme s'étant assuré que la blessure n'était pas trop grave, l'artère n'ayant pas été atteinte, sortit de sa poche un mouchoir blanc immaculé et fit un pansement provisoire.
- Vous êtes un garçon courageux. Je vous remercie pour votre intervention.Votre blessure n'est pas trop grave mais nous allons dans une pharmacie pour vous faire un pansement sérieux. Ensuite nous irons à la gendarmerie porter plainte. Etes vous trés pressé? Ou habitez vous ?
- Non, je ne suis pas pressé. Je n'habite pas ici, mais il faut que j'aille relever ma bicyclette, sinon quelqu'un va me l'écraser.
Pendant que Paul relevait sa bicyclette, et remettait la pompe en place,l'automobiliste avait franchi le feu et garé sa voiture. Paul vint vers lui en poussant sa bicyclette
- Vous savez, ma blessure n'est pas trés grave, il n'est pas utile d'aller chez un pharmacien, je vais continuer
- Ecoutez, jeune homme....au fait comment vous appelez vous?
- Paul, Monsieur
- Hé bien Paul, il vaut mieux faire désinfecter votre plaie. Je suis désolé de vous retarder, mais il faudrait aussi aller à la gendarmerie. Ca vous ennuie? Voulez vous prévenir quelqu'un?
- Non, non Monsieur. Je vous suis.Je vois une pharmacie à 200 mètres, on se retrouve la bas.
Un quart d'heure plus tard, Paul et le Monsieur qui avait assisté aux soins et réglé le pharmacien,se retrouvaient sur le trottoir.
- La gendarmerie est de l'autre coté du village. Vous laissez votre bicyclette devant la pharmacie, et en sortant de la gendarmerie je vous ramène ici. D'accord?

- D'accord.
Une demie heure plus tard, les formalités étant remplies, Paul et le Monsieur qu'il savait maintenant s'appeler Pierre Mercier, se trouvaient dans la voiture et roulaient vers la pharmacie.
- Ecoute, Paul, ( tu es assez jeune pour que je te tutoie) je ne veux pas être indiscret, mais tu as hésité tout a l'heure pour donner l'adresse de tes parents.de plus tu roules avec une bicyclette sans éclairage et il va faire nuit.Ou voulais tu aller? Veux tu que je t' y mène en voiture?
- Monsieur Mercier, vous êtes gentil.Je vous remercie. Ce n'est pas que je ne veux pas vous répondre, mais je ne vais nul part.
- Ca veut dire quoi "nul part"Tu vas bien coucher quelque part ce soir?
- Oui, mais je ne sais pas ou. Je vais chercher un petit cabanon, n'importe ou, ça n'a pas d'importance.
Aprés quelques instants de silence, Pierre Mercier reprit:
- Ecoute Paul, aujourd'hui tu m'as rendu un trés grand service.Puisque tu n'as aucune préférence, veux tu coucher à la maison? J'ai un fils un peu plus agé que toi qui fait des études aux Etats Unis. Sa chambre est libre. Je te mets tout de suite à l'aise: Ma femme et moi ne te poserons pas de question, et demain matin si tu le désires, tu reprendras la route.
-
Ils étaient arrivés devant la pharmacie ou Paul avait laissé sa bicyclette. PierreM. arréta sa voiture. Paul réfléchissait et finit par dire:
- Monsieur Mercier, je vous remercie beaucoup.C'est vrai que je ne sais pas ou aller, mais si je vais chez vous, il faut que vous sachiez pourquoi je suis là. Vous savez, je n'ai rien fait de mal. Du moins je ne crois pas.
- J'en suis persuadé mon garçon. Si tu penses devoir me dire ce qu'il t'arrive, je t'écouterais. Mais tu restes libre de ne rien me dire.
- Non. Je préfère vous expliquer.Mon père et ma mère sont à Grillon, prés de Valréas.Ce matin, je suis parti de chez moi, parceque je ne veux pas avoir la même vie qu'eux, que mes grands parents, mes arrières grands parents, depuis trés longtemps, peut être même des siècles.
Je travaillais bien à l'école et aprés le certificat, j'aurais voulu continuer, et l'instituteur disait que j'aurais facilement une bourse. Mais mon père n'a pas voulu. Il a dit que j'en savais assez comme ça, qu'il avait la possibilité d'acheter 3 hectares de vigne de plus,et qu'il y avait du travail pour deux. Depuis 4 ans je travaille à la ferme, mais depuis des mois, je veux essayer de faire autre chose;mais je n'avais pas le courage de partir.
Et puis ce matin, ça m'a pris tout d'un coup ( Paul n'osa pourtant pas parler de Thérèse). Je ne sais toujours pas ce que je veux faire, et vous allez me trouver bien bète, mais je sais que le plus dur, c'était de partir. Je l'ai fait, et je ne le regrette pas. Je suis sur que quelque chose m'arrivera, et alors je saurai quoi faire.

Pierre Mercier l'avait écouté en fumant une cigarette. Aprés un moment de silence il lui dit;
-Tu as du faire depuis ce matin pas mal de kilomètres sur une bicyclette qui n'est pas toute neuve et tu dois être fatigué. J'habite a 2 km d'ici.. Tu prends ta bicyclete, tu me suis, on casse la croute et tu passes une bonne nuit à la maison, et demain si tu veux, on reparlera de tout ça. D'accord?
- Oui, merci Monsieur, je vous suis.

Une heure et demie plus tard Paul se couchait. La chambre n'était pas trés grande, mais quelle différence, avec le cadre rustique pour ne pas dire pauvre, auquel il était habitué!Des meubles modernes presque luxueux, plusieurs éclairages, vifs ou tamisés au choix, une bibliothèque abondamment garnie de livres pour tous ages. Aux murs, une guitare et des posters de chanteurs en vogue disaient que la chambre était celle d'un jeune homme trés " dans le vent" .
Il avait été reçu trés simplement. Le repas avait été rapide et on lui avait proposé de prendre une douche. Ah, cette salle de bain!!!!Il n'y avait qu'au cinéma qu'il en avait vu de pareilles!! Un lavabo à deux places, surmonté d'une immense glace, une baignoire au raz du sol,presqu'une piscine, et une cabine de douche, dans laquelle Paul était resté longtemps sous un jet dru et chaud....
Et maintenant, las, mais détendu, Paul revoyait le film de cette journèe extraordinaire, ou il s'était passé plus de choses que durant tout le reste de sa jeune vie.
Ses ébats avec Thérèse lui semblaient loin, à l'autre bout de la journèe, et puis il y avait eu cette longue pédalée, aprés l'abandon de tout ce qui avait été sa vie, son cadre, son activité, ses parents.

Ensuite, il y avait eu cette rencontre avec cette gentille " pastourelle", et puis encore son affrontement avec 2 voyous, sa conversation avec Pierre Mercier et son arrivée dans ce cadre enchanteur.
Nul regret, nul remords dans les pensèes de Paul. Mais au contraire une grande joie, une grande fierté d'avoir pris son destin en mains.
Il aurait bien voulu gouter plus longtemps tous ces bonheurs, mais toutes ces émotions, ces fatigues accumulées le précipitèrent vite dans un sommeil profond..
( A suivre)
Revenir en haut Aller en bas
http://aristee.canalblog.com/
abeille

avatar


Masculin
Nombre de messages : 11
Date d'inscription : 21/11/2006

pAUL ET SA DESTINEE Empty
MessageSujet: PAUL ET SA DESTINEE   pAUL ET SA DESTINEE Icon_minitimeJeu 23 Nov - 9:51

Lorsque Paul se réveilla dans ce cadre
nouveau et luxueux, il crut d'abord que c'était un rève qui continuait. Et
puis, il constata qu'il était bien dans la réalité.



Paul s'habilla rapidement ( toujours en
costume du Dimanche), et se demanda un instant s'il devait aller reprendre une
douche. . Puis il pensa qu'aprés celle de la veille, ce serait un peu ridicule.
Il descendit donc au rez de chaussée , ou il retrouva dans la salle à manger,
Madame Mercier.



- Alors, Paul, bien dormi



- Oh oui Madame! trés bien. Je vous remercie.



- Mon mari vous fait dire qu'il reviendra à 10
heures. Comment va votre blessure?



- Trés bien . Ce n'était pas trés grave.



- Que voulez vous pour déjeuner?



- Madame, je vous ai déja beaucoup dérangée...



- Allons, allons, vous savez trés bien que
nous sommes heureux de vous avoir ici. Vous avez rendu hier un grand service à
mon mari, en mettant trés courageusement ces voyous en fuite, et puis notre
fils qui est aux Etats Unis nous manque beaucoup, et c'est réellement une joie
d'avoir un jeune à la maison. Voulez vous du café du chocolat du thé. Ou peut
être avez vous l'habitude de quelque chose de plus consistant. Dites le trés
simplement



- Alors Madame, si vous le voulez bien, je
prendrais du café et du pain.



- Asseyez vous. Je reviens dans un instant.



Quelques minutes plus tard, Paul se trouvait
attablé devant un copieux déjeuner: café, lait, pain grillé, confitures beurre
et miel. Décidemment il était bien dans un nouveau monde,beaucoup plus raffiné.
De grandes tasses décorées au lieu des vieux bols rustiques et ébréchés, des
fines tranches grillèes et chaudes au lieu du gros pain de campagne rassis, le
beurre le miel et les confitures dans des coupes en verre....Toujours cette
impression d'être au cinéma.



Vers 10 heures, Pierre Mercier arriva



- Alors
mon garçon bien dormi? comment te sens tu?



- En pleine forme Monsieur Mercier



Si tu n'y vois pas d'inconvénient, je
voudrais que nous discutions un peu. Et ensuite, tu feras ce que tu voudras. Viens
dans mon bureau.



Le bureau était en harmonie avec le reste
de la maison;C'était une vaste pièce éclairée par deux larges baies.A u mur des
tapis de haute laine. Mercier s'installa derrière un bureau en chène massif et
fit asseoir Paul dans un fauteuil pull man



- Tu m'as dit hier que tu voulais changer de
vie, tout en ignorant ce que tu voulais faire.Je ne te connais pas assez pour
savoir quelles sont tes aptitudes. Je vais te faire une proposition.



Je dirige une société de torréfaction. Nous
achetons des cafés verts en provenance d'Afrique et d'Amérique du sud .Par
ailleurs je possède une plantation de caféiers au Cameroun qui représente a peu
prés 20% de mon chiffre d'affaire ici.



Si tu le veux, tu peux rester ici quelques
jours, disons une quinzaine. Tu viens à l'usine tous les matins avec moi. Tu
vois ce que nous faisons. Si quelque chose t'interesse, tu me le dis, et nous
voyons ce que nous pouvons faire.Si au bout de I5 jours, tu préfères poursuivre
ta quète ailleurs, tu t'en vas. Qu'en dis tu?



- Monsieur Mercier, je vous l'ai dit, je n'ai
pas fait d'études, et je ne sais vraiment pas ce que je suis capable de faire..



- Hé bien justement . Peut être que dans I5
jours tu y verras plus clair.Tu sais les études c'est important, mais ce n'est
pas absolument indispensable quand on a des qualités humaines et une certaine
forme d'intelligence.Il faut que tu saches que si je te fais cette
proposition,ce n'est pas parceque tu m'as rendu service hier. Je te mets à
l'aise.Si tu as des qualités pour mon activité, tu m'interesses.Il faut que je
retourne à l'usine. Tu viens?



L'usine était a 4 km de la maison. Plusieurs
centaines de mètres avant d'y arriver, l'air embaumait (pour ceux qui aiment) le
café.



Les batiments récents, édifiés en pleine
campagne, étaient entourés de pelouses parfaitement tondues.



Sur un parking une vingtaine de voitures
donnait une idée du nombre de personnes qui travaillaient là.











Dés l'entrèe, on avait une impression
d'ordre, de sérieux de propreté.Pierre Mercier fit visiter toute l'usine. Le
batiment de stockage des cafés verts, la brulerie, l'atelier d'ensachage,
l'entrepot de produits finis enfin les bureaux., l'un ou se trouvaient 2
secrétaires et le bureau du patron, ou les 2 hommes s'installèrent.



-Comme tu as pu le constater, ce n'est pas
une trés grosse entreprise, mais elle progresse régulièrement. J'ai mécanisé au
maximum, et organisé les circuits pour faciliter le travail et éviter les
pertes de temps. Lorsque mon fils reviendra des Etats Unis, nous franchirons un
autre palier.



Maintenant tu vois, je n'ai pas encore pris
connaissance de mon courrier. Je vais le faire. Pendant ce temps, promène toi
dans l'usine, n'hésite pas à poser des questions à mes employés. Même si tu
dois reprendre la route dans quelques jours, profite de l'occasion pour
apprendre des choses, ce n'est jamais du temps perdu.



Paul avait tout de suite vu que Pierre
Mercier était un " Monsieur" sympathique, intelligent, mais
maintenant qu'il avait vu son usine,c'est une immense admiration qu'il avait
pour lui..

Jusqu'à midi, il se promena dans
l'usine, posant des questions à tout le personnel qui répondait avec beaucoup
de gentillesse. C'est fou ce que pendant une heure, il apprit sur les variétés
de café, les pays producteurs,les temps et températures de brulage, la
lyophilisation etc. Lorsque Mercier vint le chercher, il se faisait expliquer
les divers conditionnement des cafés Mercier, et son admiration pour le patron
ne faisait que croitre.



En revenant dans la voiture, Paul le lui dit
avec beaucoup d'ingénuité, ce qui fit rire," le Monsieur
formidable."..et le flatta aussi certainement.







- Monsieur Mercier, on m'a parlé de votre
plantation au Cameroun. Je sais que c'est en Afrique mais pas ou
exactement.C'est un pays trés chaud?



- Oui
c'est un pays trés chaud puisque son port principal, Douala se trouve prés de
l'équateur .. Mais les caféiers préfèrent les climats un peu moins chauds, sur
les hauteurs.



Mon exploitation se trouve à Dschang, sur
les flancs du Mont cameroun. Là le climat est trés agréable et on mange des
fraises toute l'annèe. Les maisons n'ont pas besoin de climatiseurs.



- Quelle variété de café produisez vous? Du
robusta ou de l'arabica?



- Oh mais dis donc, tu n'as pas perdu ton
temps!Tu apprends vite.. Nous faisons de l'arabica ce qui est encore assez rare
en Afrique. Le rendement est moins bon, les plants plus fragiles, mais cette
qualité est baucoup plus appréciée par notre clientèle européenne, et nous le
vendons plus cher.



Aprés un instant de silence, ,Paul reprit:



" A
l'école, j'aimais beaucoup la géographie, et j'avais gardé mon atlas. Mais je
ne l'ai pas emporté



-
Je
t'en préterai un à la maison







Jusqu'au Vendredi soir, c'est a dire le
lendemain,Paul vint à l'usine, et sur sa demande expresse de travailler, il
alla préter main forte au conditionnement ou présisément un ouvrier était en
congé maladie.Il s'émerveilla lui même de la facilité avec laquelle il
s'adaptait à une activité aussi différente
de celle qui avait été la sienne.. Il se sentait bien accepté par le
personnel, quand à Monsieur et Madame Mercier, ils étaient avec lui d'une
gentillesse qu'il n'avait encore jamais connue dans sa courte vie.



Le" patron " lui avait expliqué
son organisation commerciale: 5 représentants exclusifs, et une vingtaine de
multicartes. Il lui avait expliqué ses efforts
pour essayer d'éviter les circuits de la grande distribution, qui "
mangent" une grande partie des marges bénéficiaires, etc...



Le Samedi, l'usine était fermée, et Paul
demanda s'il pouvait s'absenter dans l'aprés midi



- Mais mon garçon, je te l'ai dit à plusieurs
reprises, tu es libre. La seule chose que je te demande c'est de ne pas
t'absenter sans nous prévenir, pour que l'on ne s'inquiète pas......



D'ailleurs à ce propos, ne crois tu pas que
tu devrais donner de tes nouvelles à tes parents? Ils doivent beaucoup
s'inquiéter.



- C'est vrai, je le ferai,je vous le promets,
mais je ne veux pas qu'il me retrouvent.



- Nous en parlerons lundi. J'ai une petite
idée.



Dés le repas de midi achevé, Paul sauta sur
sa bicyclette et refit en sens inverse la route qu'il avait faite le mercredi.



Sans aucune difficulté, il retrouva le petit
pont et le chemin qui menait a la prairie ou il espérait bien retrouver
Mireille.



Quelques dizaines de mètres avant d'arriver,
il sut qu'elle était là.Le chien avait entendu sa bicyclette, se précipitait
vers lui en aboyant, puis reconnaisant Paul, il vint vers lui en remuant la
queue.



Mireille avait abandonné son livre et venait
vers lui en souriant.



- Je savais que vous reviendriez. J'ai pensé a
vous depuis mercredi, vous savez que vous m'intriguez?



- Moi ausi j'ai pensé a vous. Je suis un peu
honteux de m'être endormi l'autre jour, et je voulais m'en excuser.



- Mais non. Vous aviez fait tant de kilomètres,
c'était bien normal



- Je me demande si je dois continuer a vous
intriguer pour que vous pensiez a moi, ou si je dois raconter mon histoire
...et que vous ne pensiez plus a moi.



- Si vous me parlez de vous je vous
connaitrais mieux et penserais encore plus a vous.



- Vous pensez peut être devenir avocate, vous gagneriez vos
procés..Bon je prends le risque...



Ils s'installèrent sur la couverture, et Paul
raconta son histoire. Bien sur, il ne parla pas de l'épisode de Thérèse, mais
il expliqua son envie " d'autre chose" qui le tenaillait depuis des
mois, sa soudaine décision Mercredi matin, et les conditions de sa rencontre
avec Pierre Mercier



- Votre aventure n'a rien de banal. Vous avez
eu beaucoup de courage d'abord en quittant votre vie un peu monotone mais en
tous cas assurée, et ensuite, en vous attaquant a deux voyous armés de
couteaux..



- D'abord il n'y avait qu'un couteau, et puis
surtout, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur et d'être courageux. Tout est
allé trés vite.



- J'en connais qui seraient moins modestes que
vous.!!!Vous m'intriguez moins, mais je vous admire plus. Vous n'avez pas perdu
au change....



- Ai je le droit moi aussi d'avoir ma
curiosité satisfaite?

( A suivre)
Revenir en haut Aller en bas
http://aristee.canalblog.com/
abeille

avatar


Masculin
Nombre de messages : 11
Date d'inscription : 21/11/2006

pAUL ET SA DESTINEE Empty
MessageSujet: PAUL ET SA DESTINEE   pAUL ET SA DESTINEE Icon_minitimeVen 24 Nov - 9:50

- Bien sur. Mais moi, je ne vous dirai que des
choses banales. Nous habitons dans la
Drome, à Valence. Mon père est chirurgien dentiste. Je suis
au lycée en seconde. Nous avons une maison de campagne à 500 mètres dici, ou nous
venons toutes les vacances. Lorsque le temps est beau, j'aime venir ici garder
les brebis de la ferme voisine. Voilà. Vous qui n'aimez pas la routine, la
banalité, je ne suis pas trés interessante.



- Pas interessante? Mais alors pourquoi je
suis revenu?....vous allez me faire dire des bétises...Ce qui est certain c'est
que nous ne sommes pas du même milieu, que vous faites des études et que moi,
je ne suis qu'un paysan, avec seulement mon certificat d'études



- Vous auriez bien tort d'avoir des complexes.
Moi je n'ai aucun mérite si mes parents peuvent me permettre de faire des
études. Vous en revanche, vous vous débrouillez tout seul, et je suis sure que
vous arriverez à vous en sortir.



Ils discutèrent durant plus de 3 heures, et
lorsque la nuit se mit à tomber, il fallut bien que Mireille rentre son
troupeau. Ils étaient à la fois tristes et heureux.Heureux de ces moments
passés ensemble et tristes car les vacances de Paques étaint terminées et que
Mireille repartait le lendemain pour Valence.



Mireille arracha la page de garde de son
livre et nota son adresse, en faisant promettre à Paul de lui écrire souvent,
de lui dire tout ce qu'il faisait et tous ses projets quand ils auront pris
forme.

Timidement, ils se serrèrent la main(
c'était en 1962; Note de l'auteur) et Paul attendit qu'elle ait complètement
disparue avant d'enfourcher son vélo et de rentrer chez Monsieur Mercier







Dés le lundi matin,Monsieur Mercier rappela à
Paul qu'il serait bien de donner des nouvelles à ses parents. Aprés tout, rien
ne les empéchait de déposer une
demande de recherche dans l'intéret des
familles,surtout qu'il était encore mineur. Donc il valait mieux sur tous les
plans leur donner de ses nouvelles.En postant une lettre à une centaine de
kilomètres de Grillon, Paul craignait que des recherches aboutissent assez
facilement. Mais Pierre Mercier avait une solution. Dans l'aprés midi, 2
représentants des cafés Mercier, l'un de Bordeaux, l'autre de Strasbourg,
venaient au siège. Paul pouvait faire une lettre rassurante et la confier à
l'un des Représentants qui la posterait en arrivant chez lui.



Paul s'installa à une table du secrétariat et
fit une lettre qu'il voulait gentille et rassurante. . Il expliquait son départ
par son désir de tester ses qualités, son envie de voyager, de voir d'autres
milieux, avant de revenir à Grillon, pour reprendre sa place



" Il ne faut pas m'en vouloir, je vous
aime beaucoup, ne vous faites pas de mauvais sang mais au contraire soyez fiers
de moi. Quand je reviendrai vous verrez que je serai beaucoup plus pret plus
mur, pour faire marcher notre exploitation. Je vous embrasse trés fort".



Ainsi se termina sa lettre qu'il confia
dans la soirée au représentant de Strasbourg. Emporté par son élan, il
envisagea d'écrire aussi à Mireille, mais il se retint, car d'une part, c'était
encore bien tot, et surtout, il préférait écrire cette lettre dans sa
chambre,pour bien se concentrer. Pas facile d'adopter un ton qui n'est pas
naturel. S'il lui disait ce qu'il pensait réellement, Houlàlà!!!!







Et puis était ce bien le moment de penser à des
problèmes affectifs( ou plus si affinités....?)Ne serait il pas temps de
réfléchir à un avenir professionnel?C'est bien beau d'avoir rompu avec la vie
train train. C'est bien beau de se dire que l'on s'est rendu maitre de son
destin.Mais en fait, il fallait bien le reconnaitre, il s'était laissé porter
par les évènements. Tout ce qui lui était arrivé était le fruit du hasard. Sauf
lorsqu'il était retourné voir Mireille....



Paul pensait que Monsieur Mercier était pret
à l'aider. Mais ce n'était pas une certitude. Ou il reprenait la route et se
confiait à nouveau au hasard, ou il devait demander franchement à son
protecteur ce qu'il pensait de lui C'est ce qu'il décida de faire le soir même.











La journèe terminée, dés qu'ils se trouvèrent
dans la voiture, Paul lui posa la question.



- Monsieur Mercier je vous ai dit que j'étais
parti de la ferme pour voir et faire autre chose. Je vous ai dit que je suis conscient d'avoir
un gros handicap, n'ayant pas fait d'études. J'ai eu la chance de vous
rencontrer, mais puisque j'ai decidé de prendre mon destin en mains, je ne vais
pas abuser de votre gentillesse .Pourtant je l'avoue, je ne vois pas trop clair
en moi. Je vais vous demander encore un service.Je suis chez vous depuis
plusieurs jours.Pouvez vous me dire, franchement, avec votre expérience, ce que
vous pensez de moi. Je vous supplie de ne pas me dire des choses agréables pour
me faire plaisir. Non. Je voudrais que vous me disiez si j'ai eu tort de
quitter la ferme ou si je suis capable de faire autre chose



- Mon garçon, je vais te répondre comme tu me
le demandes.Tout d'abord, si tu ne te sentais pas bien dans ta peau à la ferme,
je comprends que tu ais préféré partir.Bien sur je pense que tu aurais pu le
faire autrement pour éviter à tes parents de se faire du mauvais sang, mais
peut être n'avais tu pas d'autres solutions, si tu es sur que tes parents se
seraient opposés à ton départ.



En ce qui concerne la possibilité pour toi
de faire autre chose, j'en suis persuadé. Tu peux faire autre chose, mais ce
n'est pas moi qui pourrais te dire quoi.Toi seul peut en décider.Tu es jeune.
Tu as des qualités mais tu as tout a apprendre, et c'est toi qui dois réfléchir
à l'orientation que tu veux donner a ta vie. Que veux tu devenir? Pour
l'instant tu es trop jeune pour avoir une affaire a toi, même si c'est le but
que tu poursuis. Tu dois donc travailler pour quelqu'un.Mais comme salarié, les
possibilités sont multiples:La technique, l'administration, le commercial...Il
faut que tu saches ce qui t'attire le plus, et ton choix fait, il te faudra apprendre,
apprendre, apprendre...;



Tu m'as dit que le travail a la ferme était
assez pénible.Il faut que tu saches que quelle que soit l'activité que tu
choisiras, il faudra travailler et travailler beaucoup;



Le hasard( et j'en suis heureux) nous a fait
nous rencontrer. Tu as l'occasion de voir une petite entreprise, et de voir des
personnes qui ont des activités différentes. Si l'une de ces activités te
plait, je suis pret à voir avec toi ce que l'on peut faire. Mais encore une
fois, c'est à toi de savoir ce que tu veux.



Jusqu'a la fin de la semaine, continue à
venir à l'usine. regarde, discute, réfléchis, et Vendredi nous ferons le point.







Le vendredi soir, Pierre Mercier appela
Paul dans son bureau



- Alors? As tu réfléchi?



- Comme vous me l'avez demandé, j'ai
longuement discuté avec vos employés. Il me semble que je ne suis pas fait pour
travailler en usine. Peut être parceque j'ai toujours vécu en plein air.J'ai
parlé plusieurs fois avec Monsieur Arnaud. Il est allé 2 fois dans votre plantation
au Cameroun. Si je pouvais aller là bas pour vous, même pour rien, je veux
dire, sans être payé,je crois que je pourrais vous rendre des services et cela
me plairait beaucoup.



- Mon garçon, tu pourras le demander a ma
femme, je lui ai dit hier: "Paul va me demander d'aller au Cameroun"
Tu ne me déçois pas. J'en étais tellement certain que j'y ai déja réfléchi



Mon fils va revenir des Etats Unis, et nous
avons prévu pas mal de modifications. nous allons agrandir notre affaire,
développer les gammes existantes, et mettre au point un extrait de café
liquide. Il existe un marché pour ce produit en patisserie. Par ailleurs, nous
allons développer notre production au Cameroun., et l'annèe dernière j'ai
acheté 250 hectares
supplémentaires .Mon chef d'exploitation n'a pu les mettre en valeur, il est
débordé.



Voici ce que je te propose.Tu fais un vrai
stage pendant un mois à l'usine.Il ne suffit pas de produire du café, il faut
que tu saches ce que l'on en fait par la suite.



Tu consacreras une semaine avec Madeleine qui
s'occupe des problèmes de personnel.Il faut que tu aies des idées générales sur
la gestion du personnel, même si les
lois sociales sont différentes au Cameroun, mais ça, tu le verras sur place
.Ton role sera double.Tu seras l'adjoint de mon chef de production, à peu prés
à mi temps, et je veux créer un département Etudes.



Notre exploitation est sur les pentes du Mont
Cameroun à des altitudes différentes et des expositions aussi.



Avec Berger, mon chef de culture, vous
choisirez 4 terrains de 5000m2environ à des altitudes et des expositions
différentes. Nous ferons venir toutes les variétés de café possibles. Sur
chaque terrain, toutes les variétés seront plantées.Il faudra étudier
minutieusement les facultés d'adaptation
de chaque variété, la qualité des produits et les rendements.



Nos plantations ont entre 15 et 20 ans. A
partir de 30 ans les rendements baissent, en conséquence, il faut que d'ici 5
ans, il faut que nous soyons en mesure de savoir quelles sont les variétés qui
seront les plus interessantes, compte tenu du sol et du climat de notre
exploitation.



Pierre ajouta: Bien sur, il n'est pas
question que tu travailles pour rien. Dés lundi tu seras déclaré en stage et
payé.
Revenir en haut Aller en bas
http://aristee.canalblog.com/
abeille

avatar


Masculin
Nombre de messages : 11
Date d'inscription : 21/11/2006

pAUL ET SA DESTINEE Empty
MessageSujet: Paul et sa destinée ( suite)   pAUL ET SA DESTINEE Icon_minitimeSam 25 Nov - 9:32

Si tu es d'accord sur ma proposition, il y
aura un problème à régler. Et à régler par toi.. Pour aller au Cameroun, il te
faudra un passeport. Tu es mineur.Il te faut donc l'accord de tes parents.
Réfléchis et donne moi une réponse demain.



- Oh Monsieur Mercier, c'est tout
réfléchi.C'est oui,oui,oui.Je vous remercie et je vous jure que vous ne
regretterez pas de m'avoir fait confiance.



- J'en suis sur mon garçon. Allons prendre
l'apéritif pour féter ça. Lundi, je te ferai une lettre d'embauche, cela te
facilitra les choses pour discuter avec tes parents, car tu vas aller les voir?
Ce n'est pas le genre de problème que l'on régle par lettre.



- Bien sur, j'irai







Le soir même, Paul décida d'écrire 2
lettres.Tout d'abord a ses parents( les corvées d'abord), puis à Mireille.



A ses parents, aprés leur avoir demandé à
nouveau pardon pour la peine qu'il avait du leur faire, il expliqua qu'il avait
rencontré un monsieur trés gentil, Directeur d'une Société de torréfaction de
café et propriétaire d'une exploitation au Cameroun.. Ce monsieur lui proposait
un poste dans cette exploitation. Il précisait qu'il viendrait les voir et
arriverai par le car Vendredi a 19 heures30











Sa lettre à Mireille fut longue, trés longue.
Il lui parlait bien sur de son prochain départ pour le Cameroun et lui
demandait de lui écrire chez monsieur Mercier. Sur 3 pages, Paul s'étendait sur
le travail qui sera le sien, et des responsabilités qui lui étaient confiées.
Tout en écrivant, il se rendait bien compte que tout cela pouvait paraitre
éxagéré, prétentieux, assez peu crédible pour un garçon de 16 ans. Et puis il
se dit que si une personne pouvait le croire, c'était précisément Mireille.



C'est avec une certaine appréhension que
Paul attendait le Vendredi. Monsieur Mercier avait fait préparer par sa
secrétaire un papier précisant les pièces nécessaires pour obtenir un
passeport, ainsi que le texte de l'autorisation parentale. Paul avait également
une lettre d'embauche qui prouverait à ses parents qu'il s'agissait de quelque
chose de sérieux.



Sur la place de la bourgade à Grillon, ses
parents l'attendaient. L'abord fut trés froid. Aprés s'être embrassés sans
aucune chaleur, le père dit simplement: " On s'expliquera à la
maison" Pas un mot ne fut prononcé durant le trajet à pied.



La table était mise. On se mit tout de suite
a table.



-
Maintenant
parle, je t'écoute , dit le père.



-




Et Paul raconta tout ce qui était arrivé
depuis son départ.( sauf l'épisode Mireille). Il expliqua qu'il voulait
absolument voyager, voir d'autres choses. Il insista longuement sur le travail
qui lui était proposé, et qui en somme était un travail d'agriculteur, mais
sans doute trés différent de ce qu'il était ici.Il parla aussi beaucoup de
Monsieur et Madame Mercier, trés gentils avec lui.



De tout ce récit, la mère avait surtout
retenu que Paul avait attaqué des voyous armés, et qu'il avait couru de gros
risques.



Le père, lui ne voyait qu'une chose: son fils
sur lequel il comptait était parti sans prévenir. Et cela il ne pouvait le
pardonner.



- Tu ne vas pas nous faire croire qu'a16 ans,
un Monsieur que tu connais à peine va t'offrir une situation!



- Si, Papa, et je vais te le prouver! Paul alla chercher dans sa veste la lettre
d'embauche:



- Tiens lis, puisque tu ne me crois pas!



Aprés avoir chaussé ses lunettes et lu
l'attestation, le Père semblait ébranlé.



- Mais cette exploitation, elle fait combien
d'hectares?



- 600 hectares



- 600 hectares?( là, c'était quelque chose qui
avait une signification pour le père) Mais sur les 600 hectares, il y en
a combien de cultivés?



Paul pensa qu'il pouvait faire une petite
entorse à la vérité, puisqu'aprés tout, les 250 nouveaux hectares seraient
bientot plantés.



- Tout est cultivé. C'est comme un immense
verger de 600 hectares
de caféiers.



Là le père était franchement abasourdi, mais
ne voulait pas désarmer si tot.







- D'accord. C'est une belle affaire. Mais tu
ne seras que le numéro 2



- Ici aussi je suis le numéro 2



La mère intervint:



- Mais, Louis, il n'a que 16 ans. C'est peut
être une grande chance pour lui.



- Une grande chance, une grande chance...Il ne
connait rien au café, et on va l'utiliser pour faire le manoeuvre. Il va crever
de chaleur, et c'est tout ce qu'il va gagner!



- Non Papa, je ne ferai pas le manoeuvre. Nous
ne serons que 2 blancs, et nous aurons une centaine d'africains. Je serai
l'adjoint du chef de culture, et Monsieur Mercier m'a chargé de m'occuper
personnellement de l'expérimentation de plants nouveaux, pour savoir celles qui
correspondent à notre exploitation.



Le Père ne voulait toujours pas capituler
trop vite, bien qu'il soit impressionné par la superficie de l'exploitation. 600 hectares, c'est
quelque chose!!!



- Notre exploitation, notre exploitation, elle
n'est pas à toi cette exploitation. Ce Monsieur Mercier est certainement un
brave homme qui a voulu te récompenser
de lui avoir sauvé son portefeuille, mais il ne se rend pas compte que tu es un
gamin, et que tu ne sais rien!



La mère une fois encore voulu intervenir



-
Ce
monsieur Mercier est certainement intelligent et capable pour avoir une usine
et une si grande exploitation. Il doit savoir ce qu'il fait, et s'il fait
confiance à notre fils, c'est qu'il y a intéret.

- Que ce Monsieur ait intéret, c'est
sur. Mais Paul, c'est autre chose. Bon. Je vais réfléchir à tout ça. On en
parlera demain.





Paul pensa que son affaire ne partait
pas trop mal, et ils se mirent a parler de toutes autres choses







-





Note de l'auteur



Paul va partir au Cameroun.



Or, par un hasard tout a fait
extraordinaire( et dont je suis trés heureux) il se trouve que le Cameroun est
le pays d'afrique que je préfère.



Toutes les anecdotes, et toutes les
indications données sur le Cameroun sont parfaitement authentiques.







Le
soir, Paul retrouva sa chambre qui lui sembla pour la première fois bien
pauvre, bien nue, et c'est à ce moment là qu'il se rendit vraiment compte de
l'évolution qui avait été la sienne en si peu de jours.



Le lendemain, il constata avec fierté, que ses
parents n'avaient plus la même attitude à son égard.Il n'était plus le petit
garçon auquel on demandait simplement de faire telle ou telle chose, sans se
préoccuper de ce qu'il en pensait. On le considérait comme un adulte, et malgré
les efforts du père pour ne pas trop laisser voir cette évolution,Paul sentait
qu'il était maintenant pris au sérieux.



Lorsqu'au repas de midi, il aborda le
problème du passeport, et de l'autorisation parentale, tout se passa au mieux. Certes,
pour le principe, le père répéta que c'était une folie de confier de telles
responsabilités à un gamin, mais il remplit les papiers et l'on sentait qu'il
était assez fier de son rejeton......



Bien sur, tout le village savait que Paul
était revenu.Dans l'aprés midi, Thérèse vint a la ferme. Paul la revit sans
émotion particulière, et en fut un peu surpris.Aprés tout, c'était un peu grace
a elle que sa vie avait subi cette mutation. Il ne pouvait s'empécher de la
comparer a Mireille. Ou plus exactement, il pensait qu'il n'y avait aucune
comparaison possible entre elles....


Le lendemain aprés midi, Paul se retrouvait
chez Monsieur et Madame Mercier.Les adieux avec ses parents avaient été
difficiles.Sa mère pleurait, son père ne cessait de répéter: tu es bien
jeune...et lui Paul ressentait cette fois ci une profonde émotion, alors qu'il
était parti la première fois sans regret, sans remords, toutes ses forces étant
mobilisées par son désir de fuite.

( A suivre)

http://aristee.canalblog.com/
Revenir en haut Aller en bas
http://aristee.canalblog.com/
abeille

avatar


Masculin
Nombre de messages : 11
Date d'inscription : 21/11/2006

pAUL ET SA DESTINEE Empty
MessageSujet: Re: pAUL ET SA DESTINEE   pAUL ET SA DESTINEE Icon_minitimeDim 26 Nov - 10:49

Le mois de stage se déroula sans problème
particulier. Paul dut aller à Marseille pour se faire faire les vaccins
obligatoires, en particulier contre la fèvre jaune, et c'est un lundi, à la fin
du mois de Mai, que Monsieur Mercier le mis au train pour Paris, d'ou il devait
rejoindre Orly, pour prendre l'avion de Douala.



Malgré les instructions trés précises de
Monsieur Mercier, Paul se trouvait un peu perdu dans cette foule dense, et ce
ne fut que dans la salle des départs qu'il reprit un peu ses esprits.







Lorsqu'il monta dans le Boeing 707, il se
demanda par quel miracle cette énorme masse métallique pourrait voler, mais
c'est cependant l'esprit confiant qu'il s'installa sur le siège que lui avait
indiqué l'hotesse. Il dormit trés peu .Le chuintement de l'air, le long de la
carlingue avait un effet lénifiant, et c'est un peu engourdi, qu'il entendit
que l'on arrivait à Douala ou la température annoncée était de 35 °. Ce qui ne
lui parut pas excessif.



Pourtant, lorsque la portière de la carlingue
fut ouverte, une énorme bouffée de chaleur d'étuve entra dans l'appareil., et
Paul se demanda, comment n'étant pas poisson, il était possible de vivre dans
cet air saturé d'eau.



En descendant la passerelle il eut beaucoup
de mal à respirer, et dut se répéter:" c'est une question d'habitude, tous
ces gens à l'aéroport n'ont pas l'air incommodés, bientot je serai comme
eux..";



Un homme d'une quarantaine d'annèes, vint
trés rapidement vers lui:



- Vous
êtes Paul.Monsieur Mercier m'avait envoyé une photo de vous. Je suis Jacques
Berger. Nous allons prendre vos bagages. Pas trop fatigué?



- Non, mais.....il fait toujours aussi chaud?



- A
Douala oui.Mais vous verrez, à Dschang, le climat est trés agréable. Ici, ce
n'est pas la chaleur qui est excessive: la température est constante autour de
35 degrés, mais l'hygromètrie est maximum, et cela toute l'annèe. Personnellement
je viens le moins souvent possible à Douala, on est tellement bien la haut!



Une heure plus tard, ils roulaient sur la
route qui mène de Douala à N'kongsamba( capitale des Bamilékés), route bordée
de part et d'autre par une forét touffue qui semblait impénétrable;



Paul regardait avec avidité tout ce cadre
nouveau.Il posait sans arret de nombreuses questions auxquelles Berger
répondait gentiment avec un petit sourire amusé;











Paul avait remarqué sur le siège arrière un
fusil et des cartouches



- Vous êtes chasseur, Monsieur Berger?



- Oh, trés peu.Mais ce n'est pas pour chasser
que j'ai pris mon fusil. C'est une simple précaution. Il y a dans le pays des
rebelles qui luttent contre le pouvoir en place;



En principe, ils ne s'attaquent pas aux
blancs, mais l'on circule toujours armés pour le cas ou l'on tomberait dans un
mauvais coin au mauvais moment, et surtout en cas de panne. Mais soyez sans
crainte. D'abord ils ont des fusils de traite qui sont des armes bien
imprécises, et surtout, en principe ils ne s'attaquent pas aux blancs" qui
sont comptés"



Pour eux les blancs sont inscrits sur de
grands registres et s'il en disparaissait un , ils le sauraient tout de suite
et les représailles seraient terribles.



- Vous avez dit "en principe"il y a
donc quelquefois des attentats contre les blancs?



- Oh, trés rarement!Il y a quelques mois, sur
cette route, un blanc roulait vers Douala vitres baissées. Une flèche a été
tirée qui lui a traversé le gras de la nuque.. Il a eu le courage d'aller
jusqu'a l'hopital de Douala sans s'arréter, avec sa flèche dans la nuque, et il
est " tombé dans les pommes" à son arrivée à l'hopital. Il a fallu
scier la flèche pour le sortir de la voiture.Mais tranquillisez vous, je ne
connais pas d'autres exemples.







En revanche, entre eux, c'est tout à fait
différent.Sur la place de N'kongsamba ou nous arrivons, il y a en permanence
des tètes coupées de rebelles qui sont mises là pour faire voir aux opposants
ce qui les attend s'ils persistent à s'opposer aux autorités en place.



En effet sur la place de la capitale
Bamiléké, Paul vit avec horreur 4 tètes coupées, graisseuses au soleil...



- Vous me faites raconter des histoires
affreuses, Paul , mais vous verrez que la haut, la vie est trés agréable et nos
rapports avec la population locale sont excellents



Que Grillon était loin! Et malgré les
horreurs racontées par Berger, Paul subissait déja le charme de l'afrique ou
tout semblait exubérant: la flore, les gens....et leurs moeurs



Aprés 3 heures et demie de route puis de piste
en latérite, ils arrivèrent à l'exploitation. C'était en fait un véritable
village.



La villa de Monsieur Berger est un immense
batiment contenant outre l'habitation,
les bureaux ,le hangar abritant les machines agricoles et celui abritant les
magasins de stockage. Tout cela était construit en dur.



Par ailleurs, une trentaine de cases à une
vingtaine de mètres l'une de l'autre, abritaient les ouvriers de l'exploitation
avec leurs familles.



Pratiquement toute la populaton était là
rassemblée, pour voir le nouveau "jeune patron", et c'est dans un
concert de cris, de rires, de jacassements qu'ils descendirent de voiture.















La villa était vaste, meublée d'une façon
simple mais confortable. Madame Berger, une petite brunette vive et rieuse
ainsi que 2 garçons de 10 et 12 ans, accueillirent Paul comme si c'était un
vieille connaissance. L'hospitalité traditionnelle des Africains se retrouvait
chez ces blancs, et Paul habitué à la réserve avec laquelle on recevait des
"étrangers" en France, trouvait formidable de se sentir aussi à
l'aise avec des personnes qu' il ne connaissait pas la veille.



Les premiers jours furent merveilleux. Tout
était nouveau, avec une profusion de couleurs et de bruits. Pierre Berger lui
avait fait visiter l'exploitation, parfaitement entretenue par une armèe
d'hommes et de femmes qui travaillaient dans une ambiance gaie et bruyante.



Quelle différence avec le travail à la ferme
à Grillon!!!!Le père n'était pas bavard: on était dans les champs pour
travailler, un point, c'est tout, et Paul, simple exécutant, aimait bien son
travail car il n'était pas paresseux, mais c'était du travail, et pas question
de mélanger les genres, de travailler et de plaisanter en même temps.



Ici c'était tout autre chose , et le travail
ressemblait à une bonne partie de rigolade...Certes le rendement était moins
élevé mais il était tellement amusant de travailler!



De plus, Paul, " Le Petit Patron"
comme il avait tout de suite été appelé n'effectuait pas les travaux lui même.
Il commençait à diriger le personnel
sous les conseils de Berger.



Ils allèrent visiter les 250 hectares
nouvellement achetés, qu'il faudra déblayer bien sur. Ils choisirent 4 parcelles de 5000m2 environ selon les
instructions de Monsieur Mercier, et il fut décidé que le déblaiement
commencerait le lendemain sous la conduite de Paul, avec une quinzaine
d'ouvriers.



Paul avait demandé a visiter une case
africaine. Les occupants avaient été prévenus la veille, et Paul fut surpris
dêtre reçu comme une haute personnalité.Toute la famille était là, les femmes
et les filles habillées de robes aux couleurs vives. La case était d'un
propreté impeccable, les nattes bien allignées, et détail amusant, sur une
petite table en bois, rustique, un gros réveil dans lequel un Mickey trés
coloré en rouge, bleu jaune et noir, marquait les secondes en hochant la tête
de droite à gauche…..



Il fallut absolument gouter au vin de palme,
liquide blanchatre, légèrement pétillant, et dont Paul trouva le
gout.....absolument affreux.. Par la suite, Pierre Berger lui dit qu'il y avait
des vins de palme bien meilleurs et franchement agréables;



Une annèe se passa ou Paul, prenant de
plus en plus d'assurance se sentit assez rapidement bien dans ses fonctions.



En Juillet 1963 Il revint en France pour un
mois de congé. Dés son arrivée, il alla à Valréas s'acheter une 125 Peugeot.
Certes cette motocyclette n'était pas toute jeune, mais elle marchait
impeccablement. 3 fois par semaine il se rendait dans le pré ou Mireille
gardait ses brebis, et pendant des heures, Paul racontait l'Afrique à
Mireille...Il ne lui apprenait pas grand chose car il lui avait tant et tant
écrit durant l'annèe écoulée, Mais Mireille ne se lassait pas d'entendre parler
" Petit Patron" comme elle l'appelait à son tour







EPILOGUE



C'est à son troisième congé en France que
Paul fut présenté aux parents de Mireille. Paul était devenu un parti
présentable, malgré sa jeunesse.



Pierre et Paul mirent en place les nouvelles
variétés de café selectionnées aprés les études de Paul. Le fils de Monsieur
Mercier, en revenant des EtatsUnis, avait pris en main toute la partie
commerciale de l'usine, et venait de temps en temps a Dschang. Ses rapports ave
Paul étaient excellents.



Lorsque les cafés Mercier achetèrent une
exploitation au Brésil, Berger en prit la direction et ce fut Paul qui devint
chef de culture a Dschang. Il avait 21 ans



La même annèe, il se mariait avec Mireille,
et ils eurent 2 beaux enfants.



Que voulez vous que je vous dise de plus ?
Mon role est de raconter des histoires. Or: les couples heureux n'ont pas
d'histoire.;;……..









F I N

http://aristee.canalblog.com/
Revenir en haut Aller en bas
http://aristee.canalblog.com/
Contenu sponsorisé





pAUL ET SA DESTINEE Empty
MessageSujet: Re: pAUL ET SA DESTINEE   pAUL ET SA DESTINEE Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
pAUL ET SA DESTINEE
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
La Night Team :: AIR DU TEMPS :: Lecture & philosophie :: ¤ Vos créations personnelles-
Sauter vers: